

L' histoire de l'image est liée à celle de la littérature. Pour beaucoup de gens illettrés, l'image véhiculera l'histoire et la tradition. L'écriture et l'image se développeront tardivement dans notre civilisation à tradition orale.
A partir du VIe siècle, la peinture sur parchemin      prit une plus grande ampleur. 
Le terme enluminure insiste sur la lumière      et l'ornement de l'image.
La miniature, du mot "minium", couleur rouge, sert à rehausser      les passages
importants d'un texte.
Les livres sont toujours religieux (bibles, psautiers,      évangéliaires), enluminés 
pour la gloire de Dieu. L'enluminure servait aussi de repère visuel.      A partir des
initiales ornées, on pouvait repérer facilement le contenu d'un      texte.
Dans l'iconographie religieuse, les évangélistes sont représentés avec leurs attributs :
. - Jean est représenté par l'aigle. Son élément est l'eau.
- Luc est représenté par le taureau. Son élément est la terre.
- Marc est représenté par le lion. Son élément est le feu.
         -        Matthieu est représenté par l'homme ailé. Son élément        est l'air.
Au      XIIe siècle, avec l'ouverture des universités, et l'arrivée      des troubadours, 
des ouvrages profanes ou laïcs voient le jour. C'est le début      du livre d'heures, 
qui deviendra très populaire au XVe siècle. Ce seront les livres      les plus richement
enluminés. Le plus célèbre est sans doute celui des Très      Riches Heures du Duc de Berry, archétype de l'Art Gothique, peint entre 1412 et 1416, par les frères      De Limbourg, (Paul, Hermann et Jean) originaires des Pays-Bas et vivant en France.
Les livres, très rares au Moyen-Age, donnaient un grand prestige à ceux qui les possédaient et étaient signes de richesse et de puissance.
Chaque image à son langage. Dans l'enluminure,      soit l'image illustre fidèlement le texte (représentation des personnages, des actions, des objets), soit le      texte est interprété de façon à exprimer les idées de l'auteur du texte.
La diversité des moyens d'expression laisse au miniaturiste, un grand      choix de combinaisons pour élaborer une image - ce qui ne facilite pas sa lecture -. Le fait      qu'un élément soit plus grand ou plus petit qu'un autre, qu'il soit placé au-dessus, au-dessous      ou à-coté, n'a pas la même signification. Les positions et les gestes constituent des caractères      visibles et significatifs du comportement. L'image d'un geste de défense ou l'utilisation d'un      outil est comprise tout de suite.
Bien sûr, pour lire une image, il faudra tenir compte du contexte, de      la supériorité, de l'infériorité ou de l'égalité des personnages.
Voici quelques significations des mains et des doigts  
| POSITION | SIGNIFICATION | 
| Main ouverte .- tournée vers l'intérieur .- paume rejetée vers l'extérieur .- sans rotation du bras, ni.mouvement du poignet | 
 | 
| Main posée : - sur ou sous la joue et le menton . - sur la poitrine . - sur la hanche, la cuisse,le genou - sur l'épaule par un personnage.situé derrière . - sur la poitrine, par un personnage.situé devant ou sur le coté | Douleur, sommeil Sincérité, intériorité, acceptation Encourager quelqu'un à.... Assurance, fermeté, détermination prendre possession de quelqu'un, faire prisonnier | 
| Imposition des mains | Transmission d'un pouvoir. | 
| Main tenant son autre main, ou..son poignet | incapacité d'agir, situation dramatique, violente douleur | 
| Poignée de main | Relation bienveillante d'égal          à égal, ou de supérieur à inférieur, accueil | 
| Mains jointes | Prière, adoration, action de grâce. | 
| Mains indépendantes | Discussion. | 
| Un doigt tendu | Affirmation de la personne,          signe d'une volonté, d'une pensée qui s'impose. | 
| L'index pointé          : - vers un objet. - vers le haut - dans une direction .- horizontalement. | Montrer quelque chose | 

QUI FAIT QUOI ?
L'enlumineur est celui qui s'occupe de la décoration      (lettre ornée, bordures) tandis que le miniaturiste dessine et peint les scènes historiées.
Les artistes du Moyen-Age se servaient de pinceaux très fins, en poils      de martre, d'écureuil, de tissus fins pour filtrer les couleurs, de mortiers et de pilons pour broyer      les pigments et de divers récipients : cornes de boeuf, coquillages, fioles en verre ou      en terre cuite, pots, coupelles,sachets en cuir...
La dent de sanglier, l'agate et la patte de lièvre étaient indispensables      à la pose de la feuille d'or.

PIGMENTS ET COULEURS
Les couleurs les plus anciennes proviennent des terres naturelles, des plantes fraîches ou séchées que l'on fait macérer, des pierres précieuses réduites en poudre fine, de certains coquillages ou d'insectes.
 Les préparations sont longues et complexes      ; un liant doit-y-être inclus, pour que l'enlumineur puisse les utiliser. La gomme arabique, le blanc d'oeuf et la colle de poisson      sont très employés.
 Les couleurs préparées en      petite quantité, sont utilisées de suite. Elles sont broyées      finement et délayées avec de l'eau de gomme arabique et de l'eau claire.      Les couleurs se mélangent mal ou pas du tout. Elles s'appliquent ton sur ton. Il faut donc laisser sécher      une couleur avant de mettre la suivante.
Si l'enlumineur n'a pas utilisé le bont liant, ou si la couleur est      trop liquide, il lui faudra laisser sécher, gratter et recommencer.
S'il en a besoin, l'artiste appliquera la feuille d'or, avant la pose de la      couleur. La miniature est toujours cernée d'un trait d'encre à la plume.
 Le      vert de gris s'obtient par l'oxydation du cuivre.
Le      vert de gris s'obtient par l'oxydation du cuivre.
L' oxyde de cobalt permet des bleus brillants, vifs et profonds.
Le lapis-lazulli, pierre d'Asie Centrale, très onéreuse, donne      un bleu azur ou d'outremer.
L'azurite (carbone de cuivre) donne un bleu clair.
Le noir s'obtient du charbon.
La racine de garance donne les rouges (alizarine).
La sève de la chélidoine donne un jaune d'or brillant.
Le safran rougeâtre donne du jaune.
Le kaolin et la céruse fournissent le blanc.
La femelle cochenille donne le carmin.
Le murex (mollusque) donne le pourpre.
Les terres donnent les différents ocres et marrons.
Certaines couleurs sont de véritables poisons.
Le cinabre, ou sulfure de mercure donne      le vermillon, l'arsenic qui ronge certains
pigments verts et rouges, et son dérivé le réalgar (sulfure      d'arsenic) donne un 
rouge orangé. La céruse, à base de plomb, donne du blanc
         
     
L'OR
Il existe plusieurs forme d'or.
 - l'or en poudre
 - l'or adhésif
 - l'or libre      en feuille
 
 Avant de poser la feuille d'or, il faut préparer      un enduit de base, assez souple pour ne pas craqueler. On peut utiliser la colle de blanc d'oeuf, mais celle-ci      n'a pas de relief. Le mélange colle de poisson, de bol d'arménie, de      sucre candi et de plâtre déteint donne à l'or un bel effet bombé. A l'heure actuelle, on trouve      dans le commerce des enduits prêt à poser, mais ils ne sont pas toujours très adaptés.      Méfiance !!!! 
Une fois l'enduit fabriqué, posé, séché et poli,      on peut appliquer la feuille d'or. C'est une technique difficile et délicate car la feuille très mince s'envole      au moindre souffle.